SESSHU TOYO

SESSHU TOYO
SESSHU TOYO

Au cours du XVe siècle, l’art du lavis à l’encre de Chine se développe parmi les moines-peintres de Ky 拏to. Josetsu, Sh bun, S 拏tan travaillent pour les sh 拏gun Ashikaga et répandent ainsi la technique nouvelle dans les milieux profanes. Un moine-peintre resta à l’écart de la cour et développa un art où se manifestait une personnalité volontaire et vigoureuse, cet homme fut Sessh T 拏y 拏. L’influence de Sessh s’est perpétuée à travers les siècles et, près de cent ans après sa mort, Unkoku T 拏gan et Hasegawa T 拏haku se disputaient le titre de disciple du maître, tandis que Kan 拏 Tan.y et Kan 拏 Tsunenobu copiaient ses œuvres avec talent, transmettant ainsi de nombreuses études de Sessh aujourd’hui disparues.

Un voyage en Chine

Sessh est né dans une famille pauvre de guerriers de la région de Bitch (province d’Okayama). Dès l’âge de treize ans, il entra dans un monastère zen et suivit à Ky 拏to Shunrin Shut 拏, moine du Sh 拏kokuji, célèbre pour sa piété. Sh bun dut l’initier à la peinture et, en 1495, l’artiste rendit hommage à son maître et à Josetsu dans l’inscription d’un de ses paysages.

Peu après la mort de Shunrin Shut 拏, Sessh , âgé de près de quarante ans, quittait la capitale pour s’établir dans la région de Su 拏, près de Yamaguchi (sud-ouest de Honsh ). Un poème de son ami Koshi Eho qui lui rendit visite dans son atelier d’Unkoku («la Vallée des Nuages») loue déjà la maturité de son talent. Yamaguchi était le fief des 牢uchi, qui jouissaient du monopole du commerce avec la Chine, et c’est sur un bateau appartenant à ces derniers qu’en 1467 le peintre se rendit à Ningbo dans le Zhejiang, accompagnant une ambassade auprès d’un empereur Ming. Il semble, dès ce moment, avoir adopté le pseudonyme de Sessh («Bateau des Neiges») qui accompagne désormais son nom de moine, T 拏y 拏.

Après avoir séjourné au monastère chan (zen) du Tianlong si où il reçut un titre ecclésiastique, Sessh suivit l’ambassade japonaise vers Pékin en remontant le Grand Canal, se familiarisant ainsi avec les paysages de la Chine.

Aucune œuvre antérieure à son voyage en Chine ne semble avoir été conservée, et les premières qui subsistent – quatre kakemono de paysages des Quatre Saisons (musée national de T 拏ky 拏) – pourraient avoir été peintes en Chine, car elles sont signées «Sessh T 拏y 拏, moine zen du Japon». Il revint au Japon en 1469; certains auteurs supposent qu’il retourna à Su 拏, d’autres estiment qu’il s’établit à 牢ita, au Ky sh , sur le littoral de la mer Intérieure. Dans un atelier qu’il nomma le Tengai Togar 拏 («Pavillon des peintures ouvrant sur le ciel»), contemplant la mer dans le lointain, il œuvrait pour satisfaire une clientèle nombreuse. Des détails sur sa résidence et ses travaux nous sont donnés par B 拏fu Ry 拏shin, un marchand qui avait été son compagnon de voyage en Chine, et par Ry 拏an Keigo, un ami de longue date, qui lui rendirent visite dans son ermitage.

Sessh avait emprunté à la Chine la coutume de signer ses œuvres et parfois de les dater (rakan ). C’est ainsi qu’en 1474, il peignit le sansui shokan , rouleau de paysages de hauteur réduite, qu’il offrit à son élève T 拏etsu, incitant ce dernier dans un colophon à étudier les œuvres de Gao Ke-gong. Ce haut fonctionnaire chinois de la fin de l’époque Yuan, épris des paysages du Zhejiang, s’était adonné à la peinture «pour illustrer les mille souhaits de son cœur», et, contrairement aux tenants de l’école de Zhi, perpétuant les peintres officiels des Song du Sud, il s’était inspiré de Mi Fu et de Dong Yuan, artistes célèbres des Song du Nord. Dans ce sansui shokan était inclus un passage inspiré par cet «indépendant», qui est à présent remplacé par une copie tardive.

Dans ces compositions monumentales se révèle l’influence de l’école de Zhi qui, sous les Ming, perpétuait le style académique des Song du Sud et, plus particulièrement, de Li Zai que Sessh avait rencontré à la cour de Pékin. Il se libère peu à peu de l’emprise de la peinture Ming, en revenant aux sources grâce à la copie des œuvres des maîtres Song: Li Tang, Ma Yuan, Xia Gui et Yu Qian, dont certaines sont encore conservées dans les collections de la famille Asano. Les deux paysages d’automne et d’hiver, appartenant au musée national de T 拏ky 拏, témoignent de cette libération par leurs compositions plus claires et plus solides dans lesquelles se manifestent un sens aigu de la verticalité, un graphisme très personnel et une autorité que l’on ne remarque pas dans ses œuvres antérieures.

Un moine-peintre

Vers 1478-1479, Sessh quitta le Ky sh pour mener une vie d’errance, passant d’une communauté zen à une autre et s’imprégnant des paysages japonais dont la comparaison avec ceux de la Chine qu’il avait pu contempler lui permit d’appréhender l’essence. Il représente alors des sites de son pays, tels le mont Fuji ou la cascade de Jinta, peintures aujourd’hui perdues mais dont le souvenir s’est perpétué grâce à des copies plus tardives.

En 1486, il revenait à Yamaguchi où 牢uchi Masahiro l’aida à reconstruire sa retraite de l’Unkoku-an. En témoignage de reconnaissance, l’artiste composa le sansui shokan (grand rouleau de paysages) de la collection Mori. Si l’inspiration d’un Xia Gui y est sensible, le tempérament très personnel de Sessh s’y révèle par une vigueur de pinceau peu commune, l’habileté du balancement des vides et des forts encrages. La vie anime cette composition, l’air y circule avec un réalisme que l’on chercherait vainement dans les shigajiku (paysages accompagnés de poèmes) de ses prédécesseurs.

Vivant à Yamaguchi, entouré de disciples venus s’initier auprès de lui, Sessh poursuivit son activité jusqu’à un âge très avancé. En 1495, âgé de soixante-quinze ans, il peignit à l’intention de son élève Josui S 拏en, qui retournait dans son monastère de Kamakura, le Haboku sansui , paysage de style cursif ou pomo (encre éclaboussée), dans lequel les formes sont modelées par taches. L’inscription de ce rouleau fournit quelques indications sur la biographie de l’artiste qui, après avoir salué ses maîtres Josetsu et Sh bun, déclare que les peintres rencontrés en Chine lui ont peu appris, à l’exception de Li Zai et de Chang Yousheng, peintre inconnu, qui l’initièrent à la pose des couleurs et à la technique de l’encre éclaboussée.

Resté fidèle à sa robe de moine en dépit de sa vie d’errance, Sessh , vers quatre-vingts ans, représentait un épisode fameux de l’histoire du zen, celui de Huike se coupant le bras pour attirer l’attention de Bodhidharma perdu en méditation dans une grotte. Témoin de sa fidélité au dogme, cette œuvre un peu sèche ne soutient pas la comparaison avec le chef-d’œuvre que Sessh peignit à l’âge de quatre-vingt-deux ans, le grand paysage d’Ama-no-Hashidate , site célèbre de la région de Fukui, sur la mer du Japon (cf. JAPON, pl. X, 1). Dans cette représentation réaliste, baignée dans le soleil qui fait miroiter l’eau et le sable, se résume toute la vie d’étude qui permit à Sessh de donner à une technique étrangère une expression vraiment japonaise. Une connaissance profonde du zen, une communion intense avec la nature seraient, selon le professeur Hasumi, à l’origine de cette réussite, qui doit aussi son éclat à la maîtrise exceptionnelle de l’artiste dans le maniement de l’encre et du pinceau.

Cette maîtrise s’est affirmée dans des genres très divers, car Sessh ne s’est pas limité à une seule formule. Le portrait de Masuda Kanetaka, peint en 1479, le montre fidèle à la tradition japonaise du nise-e , portrait à la ressemblance dans le style du Yamato-e; on lui attribue encore plusieurs paravents de fleurs et d’oiseaux dans un genre décoratif dont il avait peut-être trouvé des exemples en Chine. Parmi ces paravents, celui de la collection Maeda, peint à l’âge de soixante et onze ans, est considéré comme authentique; des grues y évoluent parmi des arbres, et la délicatesse de leur plumage, se détachant dans le vide, contraste avec la vigueur des troncs d’arbres et des rochers qui les environnent.

L’art d’un Kan 拏 Motonobu semble annoncé dans cette composition, mais la souplesse et l’animation de la ligne qui caractérisent l’œuvre de Sessh contrastent avec le cerne épais du décorateur du XVIe siècle.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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